Ce qui frappe d’abord, dans la peinture de Sylvie THYBERT, c’est le choix des sujets. Des portraits ? Oui, presque toujours. Mais imaginaires. Mais mis en scène ou en situation, comme des scènes de genre inventées. Sylvie THYBERT donne à ces hommes et à ces femmes, à ces enfants ou à ces vieillards, comme une chance ultime : après tant d’échecs ou de malheurs, la paix soudain - malgré le tragique ou le dérisoire - d’un regard. Comédie humaine : sagesse humaine. C’est qu’il n’y a pas de sages. C’est qu’il n’y a pas de grandes personnes. Il n’y a que des enfants qui ont vieilli, qui vont mourir, qui font ce qu’ils peuvent pour ne pas pleurer. Sourire ? C’est trop leur demander. Est-ce qu’on sourit quand on est seul ? Mais ils ont cette dignité, cette droiture, ce courage d’être eux-mêmes. _ Figures d’humanité. Ce ne sont pas des héros. Ce ne sont pas des victimes. Ce sont des êtres humains ordinaires, mais vus par une artiste rare. Il ne s’agit pas de séduire. Il ne s’agit pas d’amuser. Il s’agit de vivre et d’être vrai. C’est ce que Sylvie THYBERT nous rappelle, à sa façon, et l’on devine, dans la confusion artistique du temps, ce qu’il lui fallut pour cela de métier, de talent, de courage. Chose étonnante et belle : un artiste qui ne ment pas. »
André COMTE-SPONVILLE