Danielle Yvetot    sculptures de lumières

L'Ecole Internationale du Vitrail de Chartres ne peut qu'être amplement satisfaite de l'enseignement du travail du verre qu'elle dispensa en 2003 à Danielle YVETOT, une artiste " passionnée de lumière, de couleur et de transparence " comme elle se définit avec justesse.
Suivirent les découvertes techniques et artistiques du verre fusionné, du " fusing thermoformage " auxquels s'ajouta la maîtrise des émaux et de la grisaille.
Personnellement, lorsque je parcours l'intérieur d'une église par temps ensoleillé, je ne cesse de rechercher sur le dallage de la nef du monument, la projection quasi-magique qu'offrent ces vitraux dont l'éclat ancien ou contemporain enchante ma perception des couleurs et des formes fluides et fugitives que l'art humain a magnifié avec l'aide de l'astre vital.
Cet effet miraculeux Danielle YVETOT l'a fait sien, entr'autres définitions, grâce à son talent et à sa maîtrise de la forme et de la nuance qu'elle réinvente dans ses sculptures de verre en lignes simples, souples et essentielles de la tradition, ou qu'elle transmet en évocations revigorantes, plus marquantes de notre temps où les couleurs éclatantes , précieuses ou adoucies se fondent avec un charme jamais absent de compositions audacieuses, marquées par le flux de la matière et par sa volonté d'harmonie et d'imaginaire que délivrent les éléments et les songes.
André RUELLAN, critique d'art

La lumière révélée
Impossible de tricher avec les arts du feu. Il faut un esprit bien trempé pour prétendre s'y faire une place. Réalisant un rêve trop longtemps différé Danielle YVETOT s'est orientée vers le travail du verre en 2003. La prestigieuse école internationale du vitrail de Chartres lui donna les moyens d'exprimer sa passion qui ne demandait alors qu'à s'épanouir. Après s'être initiée à l'art traditionnel du vitrail au plomb et à l'étain, la grisaille et les émaux, elle s'intéressa à d'autres techniques comme le thermoformage et le verre fusionné. Une série de stages successifs vint compléter sa formation dans chacun de ces domaines respectifs. Il ne lui restait plus qu'à s'équiper d'un four et des matériaux nécessaires à sa recherche personnelle. La lumière, fondatrice de toute œuvre allait très vite lui apporter les joies qu'elle avait si longtemps attendues.
Dès qu'elle vous parle de sa passion, Danielle Yvetot se sent portée par une joie ineffable. Une lumière s'allume alors dans son regard, reflet même des émotions que lui procurent ses pièces sortant du four. Elle les guette toujours avec un léger pincement au cœur. A chaque cuisson, c'est la surprise. Pas étonnant que Danielle Yvetot réalise des pièces uniques, notamment dans le domaine de la sculpture, génératrice de formes toujours nouvelles. Produire de la série n'aurait aucun sens pour elle. L'artisanat, n'est pas son affaire. Elle l'avoue sans mépris aucun. Ce qui l'intéresse, c'est la création, la part énigmatique et partiellement imprévisible dont la cuisson va se charger. L'art du verre est vraiment une affaire d'alchimie. La matière a ses lois que nul ne saurait contourner. S'élevant par paliers progressifs, la température du four atteint 800° Celsius. Pour l'ouverture, il faut attendre qu'elle soit retombée à 40° si l'on veut éviter tout risque de casse. En outre, il ne faut jamais oublier qu'on ne saurait faire fusionner des verres de qualité ou de composition incompatibles.
Dans le domaine du vitrail, le travail est relativement différent. Il s'exécute selon des plans préétablis et des contraintes dimensionnelles d'une extrême précision. Il faut d'abord faire un dessin prévoyant la forme de chaque pièce ou élément représentés. Chaque section est alors détachée et va servir de gabarit pour la découpe précise du verre, en respectant bien entendu le coloris choisi. Les différentes pièces seront ensuite assemblées avec du plomb, à la manière d'un puzzle, en respectant scrupuleusement le motif désiré. Les vitraux des églises obéissent à cette technique longuement éprouvée par les maîtres verriers. Dans sa jeunesse, Danielle Yvetot rêvait de l'Ecole des Beaux-Arts. Volontaire et déterminée, elle prit sa revanche sur le tard et n'en éprouve aucun regret, tant les joies retirées de son travail sont venues éclairer sa vie. Dotée d'une réelle sensibilité artistique, elle évoque la transparence de son matériau préféré. La poésie et la musique ont eu aussi leur mot à dire dans la formation de Danielle. Quinze années de violon laissent des traces dans une âme telle que la sienne. Elles contribuent à définir une certaine relation au monde, faite d'harmonie et d'attention.
Aujourd'hui, dans le silence paisible de l'atelier, l'artiste qu'elle est devenue trouve sa récompense dans chacune de ses œuvres de verre. Vitraux à motifs peints, dalles à joints de ciment, sculptures sur socle et sujets librement inspirés (comme cette réplique du clown que peignit Bernard Buffet ou cet hommage à Jean-Michel Folon) sont, pour Danielle Yvetot, d'authentiques sources de bonheur.
Luis PORQUET, critique d'art - 10 avril 2010